Devant le Congrès, le patron par intérim tire le premier bilan d’un « échec total »


John Ray III, patron par interim de FTX, le 13 décembre devant les représentants américains, à Washington (Etats-Unis).

« Jamais dans ma carrière je n’ai vu un tel échec total des contrôles d’entreprise à tous les niveaux d’une organisation. » John Ray III, le nouveau dirigeant de la bourse d’échange de cryptomonnaie en faillite FTX, en a pourtant vu d’autres : spécialisé dans les entreprises en perdition, il s’est notamment fait connaître pour avoir assuré la liquidation du géant américain de l’énergie Enron, au début des années 2000.

Mais devant le comité des affaires financières de la chambre des représentants des Etats-Unis, mardi 13 décembre, il ne mâche pas ses mots pour étriller la précédente gouvernance de l’entreprise fondée par Sam Bankman-Fried, dit SBF. En charge d’assurer la restructuration de la société, John Ray III a repris les rênes du groupe FTX le 11 novembre, à la suite du placement de la société sous le régime du chapitre XI de la loi américaine, qui encadre les entreprises en faillite.

Stockées sans chiffrement

Face aux questions des membres du comité, le dirigeant rappelle qu’il n’est à la tête du groupe que depuis quatre semaines et que les investigations se poursuivront pendant encore des semaines, voire des mois. Mais il confirme tout de même déjà plusieurs des accusations parues précédemment dans la presse sur le manque de garde-fous mis en place par la direction de FTX pour éviter les détournements de fonds :

« L’effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d’un très petit groupe d’individus grossièrement inexpérimentés, qui n’ont mis en œuvre aucun des systèmes ou des contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l’argent ou les actifs d’autres personnes. »

Plus précisément, John Ray III souligne que les outils informatiques de la société permettaient aux dirigeants d’accéder directement aux fonds déposés par les clients, « sans qu’aucun contrôle de sécurité ne les empêche de détourner les fonds ». Il explique également que certaines clefs de sécurité utilisées pour protéger plusieurs centaines de millions de dollars en cryptomonnaies étaient stockées sans chiffrement ou sans mesure de protection particulière. Il confirme également que la société de trading Alameda, fondée elle aussi par Sam Bankman Fried, disposait de la capacité d’emprunter des fonds appartenant à la filiale américaine de FTX pour réaliser ses opérations financières, et ce de manière « illimitée », notamment en empruntant des fonds déposés par les clients de FTX.

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Au passage, le nouveau patron de FTX relève que la filiale américaine de la société, FTX.US, n’était pas dirigée de façon aussi indépendante que ce qu’avaient laissé entendre ses prédécesseurs. « Publiquement, il y avait bien une distinction, reconnaît-il. Mais dans les faits, les actifs numériques des deux filiales étaient hébergées dans les mêmes infrastructures. »

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